Grands-Echezeaux 1991, domaine Mongeard Mugneret

2-10-2005

C'était un des trésors de ma cave, que je couvais amoureusement

depuis 10 ans partagé entre l'espoir d'un grand moment d'émotion et

la crainte d'une vive déception. Le vin a tenu ses promesses —et au-

delà.

La robe est légèrement acajou sur le bord du disque, mais reste très

jeune : noire, profonde, opaque. Le bouquet est intense et fondu,

très harmonieux et d'une complexité folle. A l'ouverture, le vin est

sur des notes poivrées très présentes et le cuir. A ce stade, il évoque

moins un Bourgogne qu'une magnifique Côte-rôtie. Puis on passe à

du floral (sureau), avant qu'un fruité très pur ne prenne le dessus :

myrtille, cassis. Au bout d'un moment, apparaissent aussi des notes

discrètes d'épices douces. Et dès qu'on remue le verre, la danse

recommence. La bouche est à la hauteur du bouquet : on a le

sentiment d'avoir en bouche de la confiture de myrtille ; c'est fondu,

caressant, dense —sans être toutefois lourd car le vin est soutenu

par une certaine vivacité et une note végétale hyper-classe,

parfaitement intégrée au vin (je croyais pourtant que le domaine

égrappait). La longueur est magistrale (j'ai arrêté de compter à 15)

avec une finale sur le poivre et la myrtille.

Un vin magique qui surpasse tout ce que j'ai bu en Bourgogne

jusqu'à présent (même si, c'est vrai, j'ai encore beaucoup de choses

à découvrir dans le coin).

Côté accord, le vin était servi avec des pavés de biche sauce grand

veneur, cèpes et girolles simplement poelés et purée de pdt aux

olives. L'accord, classique, fonctionnait superbement, mais le vin

était si bon que nous avons préféré le finir tout seul, sur la terrasse,

pour mieux profiter de sa beauté. Un coup de chapeau à Jean

Mongeard pour ce vin qui, je crois, a encore de très longues années

devant lui.